Doubtful Sound

Comment raconter cette croisière ? Comment raconter ce voyage dans un autre monde ? Les photos, les films, et un article ne réussiront pas à faire passer l’émotion de ces moments passés sur une autre terre…

Nous avons donc embarqué un peu après midi sur un bateau chargé de nous faire traverser le lac Manapouri. Inutile de recommencer dans le dithyrambique sur la beauté de ce lac, d’autant plus que la journée est superbe. Nous arrivons dans une petite anse où nous accostons (West Arm) et montons dans 2 bus (il y a environ une soixantaine de croisiéristes). Nous grimpons à travers la forêt primitive jusqu’au col (Wilmott Pass) ou nous apercevons enfin Doubtful Sound (un « Sound » est l’équivalent d’un fjord norvégien), ce qui motive un arrêt photo incontournable.

Passons sur les innombrables cascades et torrents qui jalonnent notre parcours, nous arrivons à Deep Cove vers 15h où nous attend notre bateau. Accueil par l’équipage du bateau (ils ont une douzaine) et attribution des cabines et des « rooms ». Au grand soulagement de Noëlle, lors de la réservation en novembre, j’avais pris une cabine (mais j’avais complétement oublié l’info). Pour tous les passagers, photos en rafales sont au programme. Puis vient l’heure des activités (au choix) : soit promenade en canot pour la découverte de la faune et de la flore, soit baignade, soit kayak.

L’eau étant quand même un peu fraîche, nous avons (je devrais dire j’ai) choisi le canot baladeur. Noëlle n’était pas du tout, mais alors pas du tout convaincu par ce choix. Surtout quand il a fallu enfiler le gilet de sauvetage… et grimper dans le petit canot à moteur !

Finalement tout s’est bien passé, nous avons été au plus près des côtes pour voir et découvrir une flore et une faune parfois surprenante. Et nous avons aussi été surpris par le nombre de kayakistes… Par contre personne n’avait pris l’option baignade, et seulement trois clampins sont restés à bord…

Retour sur le gros bateau, soupe pour tout le monde, puis encore photo à qui mieux mieux, et nous prenons la direction de l’embouchure, là où se trouve une colonie d’otaries à fourrure. Le soir tombant, la température a elle aussi dégringolé d’autant plus que nous arrivons sur la mer et qu’il y a beaucoup de vent !

Les photos sont difficiles à prendre. La luminosité n’est pas au top, j’ai les mains complétement gelées, il fait beaucoup de vent, ça tangue un maximum… bref, pour les otaries en photo il faudra soit revenir, soir acheter des cartes postales…

Le capitaine fait demi-tour pour s’ancrer dans l’un des nombreux bras de ce Sound. Au calme. Puis c’est l’heure du repas pris avec deux Néo-Zélandais (de Queenstown) et une Espagnole de Bilbao qui vient tous les ans, en septembre, faire le ‘Festival del Tango » devinez-où ? Bon c’est vrai, nous ne sommes pas souvent dans la capitale béarnaise en septembre, et la tenue de ce festival nous est totalement inconnue. Blabla sympa avec nos convives d’un soir mais parfois difficile à suivre : il y a beaucoup de bruit (toujours pareil, l’Anglo-Saxon parle fort) et dès qu’on n’entend pas, on perd rapidement le fil de la conversation…

Coucher pas trop tardif dans notre cabine, et assez bonne nuit sans tangage ni clapot.

Le breakfast étant servi à partir de 7h, à 6h45 je monte sur le pont pour faire quelques photos… Je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée, il ne doit manquer un seul passager photographe. A qui il faut rajouter à ma grande surprise, une grosse partie de l’équipage qui mitraillait tout autant. Heureux ce personnel qui ne se lasse pas de ce spectacle à couper le souffle. Ils sont là tous les jours, et prennent encore le temps de photographier le lever de soleil sur le Sound.

Il faut dire aussi que nous avons une chance incroyable, inouïe même. C’est un des endroits où il pleut le plus au monde (5400 mm d’eau par an) et une journée comme celle qui s’annonce, c’est rarissime. J’ai vérifié au baromètre, il indiquait bien 1025 hectopascal, c’est-à-dire que nous sommes certainement au beau milieu d’un anticyclone…

A 7h, tout le monde se présente au breakfast. C’est toujours aussi copieux et relativement bon, comme le repas d’hier soir. Ensuite, il faut commencer à ranger nos petites affaires, et direction le pont pour « quelques photos ». La capitaine déploie les voiles, plus pour faire joli qu’efficace : le vent est très tourbillonnant, et les voiles faseyent. Nous sommes complétement dans l’ombre et sur le pont, c’est encore une séance « glaçon » pour les mimines. L’apparition des dauphins nous fait une petit peu oublier la prise du froid sur nos extrémités, et nous apercevons le long de la côte quelques pingouins peu désireux de se montrer, contrairement aux dauphins.

Après cet épisode vivifiant, tout le monde se précipite sur le thé bien chaud. La capitaine plie les voiles et remet les gaz en direction du dernier bras à visiter. Ici, point d’animaux, point de flore à observer, le capitaine a coupé tous les moteurs et nous a invités à écouter le silence. Un bon petit quart d’heure après, redémarrage des moteurs et direction le terminus, Deep Cove où nous débarquons vers 10h. Tout le monde remonte dans les bus et retour vers le lac Manapouri ou nous attendait notre bateau navette qui nous a ramené à notre point de départ : Manapouri.

Plus de 400 photos prises (et à trier) et une quarantaine de petits bouts de film à assembler au retour à la maison, voilà le bilan visuel de cette escapade. Mais les plus belles images sont dans la tête et il est évident que nous avons passé un moment fort dont il est impossible de retranscrire tous les détails.

Alors, comment dire… tout va bien.